('Til Madness Do Us Part, Feng Ai)
de Wang Bing
un film soutenu par l'ACOR
(sortie nationale : 11 mars 2015 • Les acacias distribution)
Consultez le site que lui a consacré l'ACOR
(sortie nationale : 11 mars 2015 • Les acacias distribution)
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De janvier à avril 2013, Wang Bing a filmé le quotidien d’un hôpital
psychiatrique de la province du Yunnan, au sud-ouest de la Chine.
Enfermés là pour des raisons parfois fallacieuses – parce qu’ils
représentaient un poids pour leur famille ou dérangeaient le
gouvernement - les résidents y vivent jour après jour, sans espoir, sans
perspective, dans un univers très dur où le lit et le sommeil
représentent les derniers remparts contre les autres, contre
l’extérieur. De l’étage des hommes auquel on lui a donné accès, Wang
Bing, à travers les grilles, filme aussi la cour et les autres parties
du bâtiment. Il enregistre le grand dénuement dans lequel se trouvent
ces hommes et ces femmes, les échanges, les rituels de survie, la
capacité de résistance mais aussi la misère et la déchéance de ces
êtres, malades ou non (devenus malades avec le temps).
In Bed with Wang Bing
par Emmanuel Burdeau
« À l’ouest des rails montrait combien, à la veille de leur faillite, l’attente, les parties de mah-jong, les palabres gagnaient progressivement les usines de Shenyang : dans l’entre-deux de la pleine activité et de la fermeture s’ouvrait une aire de jeu, une vacance. À la folie procède à l’inverse : les lits qui ouvrent le film et qui ne cessent de reparaître ensuite sont élevés à la hauteur d’un théâtre, voire d’une usine. Chacun y dort, bien sûr. Chacun s’y occupe, aussi bien : grignoter, fumer, méditer sur sa vie et ses rêves, ses impôts et ses désirs, y rejoindre un camarade pour des caresses clandestines… D’un film à l’autre il se fait donc un renversement. Mais il se fait surtout une continuité, la continuité d’un affolement dans les partages, la continuité d’une catastrophe et d’une chance. »
Wang Bing, l'homme
qui (pour)suit l'humain
qui (pour)suit l'humain
par Arnaud Hée
« La beauté du cinéma de Wang Bing tient dans cette circulation entre le(s) filmé(s) et le filmeur, qui nous est transmise physiquement, et qui se prolonge par une possible projection d’affects – les Trois sœurs du Yunnan n’est-il pas avant tout un mélodrame dickensien, et À la folie un film d’amour, dont le titre original, Feng ai se traduit littéralement par « l’Amour fou » ? L’expérience procurée par la vision des films du cinéaste est ainsi de l’ordre de la transmission du déplacement, au sens physique, mais également comme un possible accès à une intériorité. »
« Je me considère comme un symptôme du chaos contemporain. »
Wang Bing, témoin et sentinelle, dans une démarche à la fois archi-modeste et extrêmement ambitieuse, consigne avec patience, parfois au détriment de sa santé, d’autres Chines – d’un passé proche ou contemporaines – que l’une des plus grandes puissances économiques du monde côtoie ou absorbe sans plus les voir.
Pas un de ses films qui ne soit passionnant, étonnant et magnifique, à la fois radical et doux, qui n’enregistre d’autres systèmes de vie ou de survie, donnant tranquillement place et reconnaissance à ces hommes, ces femmes et ces enfants ordinaires ignorés.